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MÉMOIRES SECRETS

des témoignages précieux de son auguste bienveillance, dont elle a daigné l’accompagner. Nous transmettons à nos derniers neveux cette brillante époque, avec toutes les circonstances qui peuvent en conserver l’éclat et le souvenir. Que ne pouvons-nous, Madame, présenter nous-mêmes à Votre Majesté Impériale nos profonds hommages et aller au pied de son trône la proclamer tout d’une voix notre associée ! Qu’il nous soit au moins permis d’y placer la collection des Mémoires de notre Académie, que nous allons former incessamment et faire parvenir à sa glorieuse destination !

« Nous rendons de très-humbles grâces à Votre Majesté des cartes qu’elle a bien voulu joindre à sa gracieuse réponse. En parcourant de l’œil les contrées qu’elles représentent, nous partageons en idée le bonheur dont leurs habitans ont joui, en voyant leur auguste souveraine y marquer elle-même tous ses pas par les traits ineffaçables de sa sagesse et de sa bonté, vertus seules propres à faire des puissances de la terre les vivantes images de la puissance suprême.

« Nous sommes dans les sentimens de la plus haute vénération et d’une immortelle gratitude. »

2. Juin. — Le sieur Grandval, après avoir fait les beaux jours de la scène française, s’en était retiré assez à temps pour emporter les regrets du public. Obligé de rentrer depuis, par des raisons de fortune, il a insensiblement perdu toute sa célébrité, et s’est vu forcé de disparaître tout-à-fait à Pâques dernier. Pour mettre le comble à ses humiliations, il vient de s’enrôler dans la troupe de Lyon, et terminera probablement ainsi sa malheureuse carrière. Tel on a vu Bélisaire demandant l’aumône ; où plutôt, tel le roi de Syracuse devint maître d’école.