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MAI 1768

ment ; du moins on lui impute l’épigramme suivante[1], qui a en effet assez l’air d’une personnalité :

Apostat[2] comme ton héros[3],
Janséniste signant la bulle,
Tu tiens de fort mauvais propos,
Que de bon cœur je dissimule ;
Je t’excuse et ne me plains pas ;
Mais que t’a fait Tacite, hélas !
Pour le traduire en rididule ?

28. — Les spectateurs curieux de l’Opéra souffrent impatiemment l’absence de mademoiselle Heinel, cette danseuse si propre à exciter leur lubricité. On a raconté[4] comment M. le comte de Lauraguais, enflammé pour elle, avait versé l’or avec profusion au sein de cette beauté ; mais, par une fatalité malheureuse qui empoisonne presque toujours nos plaisirs, mademoiselle Heinel s’est trouvée chatouillée d’une maladie de peau qui se communique avec rapidité, et qui a fait dire plaisamment qu’elle avait fait de son amant un prince de Galles.

30. — Copie de la réponse de l’Académie de Berlin à la Lettre de Sa Majesté l’impératrice de Russie :

« Madame,

« Parvenus au comble de nos vœux, nous serons à jamais pénétrés de reconnaissance de la faveur signalée que Votre Majesté Impériale vient de nous accorder et

  1. Elle est aussi attribuée à Voltaire et se trouve dans plusieurs éditions deses Œuvres. — R.
  2. M. l’abbé de La Bletterie a été Père de l’Oratoire.
  3. Il a fait la Vie de Julien l’Apostat.
  4. V. 28 mars 1768. — R.