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MAI 1768

ses ennemis ; que, d’après ces conseils, ce vieux pécheur se soit déterminé à rentrer dans le giron de l’Église. Malheureusement, à force de vouloir donner de l’éclat à sa conversion, il a joué une scène de dérision, dont on n’a pas manqué de se prévaloir auprès de la reine pour l’indisposer encore plus contre lui ; et conséquemment toute cette hypocrisie est en pure perte, et ne lui servira ni pour le ciel ni pour la terre[1].

— Un ami de M. le marquis de Chauvelin, lieutenant-général nommé pour commander les troupes en Corse, lui a adressé le madrigal suivant, à l’occasion de la douleur où se trouve madame de Chauvelin, qui n’accompagne pas son mari et prend peu de part à la gloire qu’il va acquérir :

Ta glSous mes doigts ma lyre est muette :
Ta glJe la pince en vain nuit et jour,
Ta gloire me plaît moins, qu’elle ne m’inquiète.
Peut-être j’entends peu les finesses de cour,
Mais mon âme flétrie à la douleur s’apprête,
Quand mes yeux éblouis contemplent sur ta tête
Des lauriers arrosés des larmes de l’Amour.

22. — Le sieur Palissot se dispose à nous régaler d’une nouvelle édition de sa Dunciade, avec un chant tout neuf. On connaît ce poëme, espèce de libelle diffamatoire contre tous les gens de lettres.

— Nous avons parlé[2] d’un livre du père Thomas-Marie Mamachi, intitulé : De animabus justorum in sinu Abrahæ ante Christi mortem expertibus beatæ visionis Dei, etc. Un chanoine, nommé Jean Cadonici, s’avise de critiquer cette folle production. Ces ouvrages,

  1. Il n’y à pas un mot de vrai dans tout cet article. — W.
  2. V. 21 septembre 1767, — R.