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AVRIL 1768

sons obscènes que vous marquez lui avoir entendu chanter à votre table. Je puis vous assurer cependant, Monsieur, de sa réserve à cet égard devant moi et parmi mes sociétés ; ce qui me ferait conclure, avec votre permission, qu’il faut absolument que votre cercle ne soit pas bien composé. Comme l’accusation est grave, et qu’en matière de mœurs je suis au moins aussi rigide que vous, je vous prie de m’envoyer quelques-unes de ces chansons, pour voir un peu si cela est de la force de Gilles, garcon peintre[1], et de Cassandre, aubergiste[2].

« Je suis, avec tous les sentimens que vous méritez, Monsieur, etc.

« P. S. Pardon si, dans la suscription de cette lettre, je ne fais point usage de votre qualité d’Académicien des Arcades de Rome ; je craindrais de paraître faire une plaisanterie. »

30. — La secte des Économistes, fort alarmée du départ de l’abbé Baudeau qui se dispose à passer en Pologne, où il est nommé, comme on a dit, à un bénéfice, après différens conciliabules, a déféré la plume à M. Dupont, un de ses membres. Il avait déjà travaillé au journal de la Société, connu sous le nom des Éphémérides, et il va reprendre cette tâche. Quant à l’abbé Baudeau, avant de partir il n’a pas voulu laisser la France sans ses dernières instructions sur ce que ces enthousiastes appellent la science : il a consigné ses principes dans l’Avis au peuple sur son premier besoin, et dans la Lettre d’un gentilhomme de Languedoc à un conseiller au Parlement

  1. Opéra-comique du sieur Poinsinet.
  2. Parade jouée en société.