Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
270
MÉMOIRES SECRETS

Il vante tout ce qu’il a fait,
Tout, jusqu’à sa froide Ernelinde[1].
« Messieurs, et mon Cercle[2] aux Français ? »
De son cercle il ne sort jamais,
Catins sont ses douces liesses ;
Il est sans goût, sans mœurs, sans lois ;
Enfin il ressemble à ses pièces,
On ne peut le voir qu’une fois.

M. Poinsinet ayant écrit, à cette occasion, au père de M. Guichard pour lui dénoncer son fils comme un mauvais sujet, il a reçu la réponse suivante[3] :

« J’ai bien l’honneur de vous connaître, Monsieur ; votre réputation en tout genre est établie, et je suis étonné que mon fils ose l’attaquer ; je lui en dirai deux mots très-vertement. Je n’ai point vu son épigramme, ou ses épigrammes contre vous. Mais si, de votre aveu, il n’a que de petits talens, quel tort peut-il faire à ces grands talens que Paris et la cour admirent dans M. Poinsinet ? Ernelinde sera-t-elle moins Ernelinde ? ainsi du reste… Vous êtes trop sensible : M. de Voltaire est, dit-on, de même ; le moindre trait qu’on lui décoche le rend malade : c’est apparemment le faible des âmes sublimes.

« Votre délicatesse sur le chapitre des mœurs est, par exemple, on ne peut mieux placée. J’ai en main une lettre anonyme de votre fabrique à Hérissant contre mon fils, laquelle, jointe à d’autres faits de cette nature, prouve merveilleusement que vos mœurs sont irréprochables, et combien ce malheureux fils aurait dû les respecter. Les siennes ne sont pas si pures, si j’en crois ces chan-

  1. V. 24 novembre 1767. — R.
  2. V. 7 septembre 1764. — R.
  3. On n’a pu avoir la lettre envoyée par M. Poinsinet à M. Guichard, mais les mots soulignés sont de cette lettre.