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MÉMOIRES SECRETS

chevalier d’Arcq donna à madame la comtesse de Langeac, dans un opéra-comique nouveau, intitulé : Le Bouquet. Il a été donné à Versailles avec un aussi grand succès.

27. — M. de Voltaire remplit Paris de lettres où il parle de sa communion pascale. Dans une entre autres à M. de Falbaire, l’auteur de l’Honnête criminel, il avoue cette bonne action ; mais il ajoute : « Toujours rancune tenante contre maître Aliboron, dit Fréron. » Tout cela vérifie le pronostic du bon père Adam. Ce Jésuite, très-long-temps assez déplacé chez M. de Voltaire, était le plastron de toutes les plaisanteries, des sarcasmes, des bons mots de ceux qui étaient à la table de ce poète magnifique. Quelqu’un lui dit un jour : « Que faites-vous ici, Père ; ne voyez-vous pas que vous n’allez pas à tout ce monde-là ? » Le béat répondit : « Je patiente, je guette le moment de la grâce. » Au reste, M. de Voltaire commence à se rendre un peu au grand monde, et le duc de Villa-Hermosa, Espagnol, qui était à Paris pour apprendre le français, a obtenu l’agrément de ce grand homme, et se rend auprès de lui.

28. — Une dame Vestris, échappée des débris de la troupe des spectacles du duc de Wurtemberg, est venue ici, et a donné dans les yeux du duc de Duras, qui veut en conséquence l’attacher à la Comédie-Française. On l’a fait jouer sur le théâtre des Menus-Plaisirs pour coup d’essai, et toute la cour du gentilhomme de la chambre la trouve divine. Elle prétend débuter dans les rôles de mademoiselle Clairon. On verra si le public ratifiera ce jugement très-suspect.

Une autre actrice doit débuter incessamment dans le role de Médée ; c’est une demoiselle Fleury, appelée la