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AVRIL 1768

à son troisième volume. Comme il avait pour censeur le même que M. Marmontel lors de Bélisaire, le lieutenant de police a cru qu’il n’était pas prudent de laisser à la discrétion d’un pareil examinateur un livre de l’importance de celui en question. Après différens reviremens, l’affaire a été portée devant M. l’archevèque, qui, entouré d’hommes ignorans et à préjugés, s’est absolument opposé à la publicité de la suite de cette Histoire qui devait avoir douze volumes. En vain l’abbé a demandé ce qu’on trouvait de répréhensible dans son ouvrage ; il n’a pu en tirer raison ; il a été obligé de suspendre ou de laisser là son manuscrit.

24. — Mademoiselle Le Blanc de Crouzol, connue à l’Opéra sous le nom de mademoiselle Duprat, a excité contre elle un orage considérable par le mémoire qu’elle a répandu contre M. Poinsinet. Il a eu recours à madame la comtesse de Langeac, ci-devant madame Sabbatin, sa protectrice, et M. de Saint-Florentin a exigé des directeurs de renvoyer cette actrice.

— Les brochures les plus sanglantes se succèdent sans relâche en Bretagne, malgré les arrêts du Parlement et les diverses brûlures dont on les honore. On parle d’une nouvelle, intitulée : De l Affaire générale de la Bretagne. Elle a 141 pages, de même format que la Lettre d’un gentilhomme de Bretagne ; elle est encore extrêmement rare.

26. — Il paraît que le sieur Audinot, dont la troupe joue à Versailles, a beaucoup de succès. On parle surtout de sa fille, âgée de huit ans, appelée mademoiselle Eulalie, qui réunit les talens du chant, de la danse et de la déclamation. Elle avait déjà reçu les applaudissemens les plus distingués, le 3 août dernier, à la fête que M.  le