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MÉMOIRES SECRETS

« Si les beaux-arts sont l’aliment des belles âmes, il faut avouer que les harpies viennent souvent les souiller de leurs ordures.

« Tout Israël va donc se disperser. Madame Denis vient à Paris, et vous allez à Stuttgard[1]. On y donnait autrefois de belles fêtes ; votre arrivée en sera une plus belle. On dit que le duc vous doit de grosses sommes : beaucoup de gens de lettres sont les protégés de princes, vous êtes leur créancier.

« Adieu, mon cher papa ; aimez toujours votre cher enfant, qui vous aime, vous respecte et vous admire. »

21. — M. Poinsinet, ce poète très-médiocre, plus renommé que les poètes les plus célèbres, reparaît aujourd’hui sur la scène, à l’occasion de l’escroquerie dont on a parlé dans le temps[2], et dont l’accuse mademoiselle Duprat, chanteuse des chœurs de l’Opéra. Le mémoire contre cet auteur, que différens avocats se disputaient le plaisir de faire, paraît enfin ; mademoiselle Duprat le débite elle-même : il est signé d’elle, mais on le croit de Me Cocqueley de Chaussepierre. Il n’est pas aussi plaisant qu’il pouvait l’être, et l’on a manqué l’à-propos. Marchand, le grand faiseur de pareilles facéties, est désolé de n’avoir pas eu à traiter cette matière ; il dit qu’il aurait acheté à prix d’argent la clientelle de cette chanteuse.

29. — M. l’abbé Yvon, qui a fait tant de bruit lors de la thèse de l’abbé de Prades[3], et poursuivi comme infidèle, quoique le plus croyant de France, avait entrepris une Histoire ecclésiastique, qu’il avait déjà conduite

  1. V. 8 mars 1768. — R.
  2. V. 27 décembre 1767 et 22 février 1768. — R.
  3. V. 4 février 1762. — R.