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AVRIL 1768

« Je dois ajouter aussi, quoi qu’il en doive coûter au bonheur de certaines gens, que je ne suis point brouillé avec M. de Voltaire, et que ce grand homme n’a rien diminué de son amitié pour moi, qui m’est aussi chère qu’honorable.

« Je vous supplie, Monsieur, de rendre cette lettre publique. J’ai l’honneur d’être, etc.

Ce 26 mars 1768,

Ier Avril. — Il paraît deux nouveaux chants de la Guerre civile de Genève, le quatrième et le cinquième, qui terminent ce poëme satirique. Ils sont imprimés, ainsi que les autres. Il paraît que cette publicité est une suite de l’infidélité de M. de La Harpe. On assure que M. de Voltaire, irrité de ces larcins et des tracasseries qui en résultent, a signifié qu’il ne voulait plus recevoir chez lui tous ces petits auteurs. Ce sont ses termes[1].

3. — Le parlement de Bretagne a rendu, le 29 mars, un arrêt qui condamne un nommé Boctoy à être renfermé le reste de ses jours dans une maison de force, comme soupçonné d’avoir voulu faire imprimer une brochure sur les Troubles de la France, et comme soupçonné d’avoir voulu donner le jour à deux libelles, dont l’un, intitulé le Royaume des Femmes, et l’autre les Aventures du comte de ***. Les manuscrits ont été lacérés et brûlés. On ne sait encore quels sont tous ces ouvrages criminels, et quel mérite littéraire ils peuvent avoir.

5. — Les Italiens doivent donner bientôt Memnon, opéra-comique, tiré d’un petit roman de M. de Voltaire, très-ingénieux et très-philosophique. Deux auteurs se sont trouvés avoir traité le même sujet, et étaient en concurrence, M. de Pleinchesne, ancien gouverneur des

  1. Le fond de cet article est vrai. — W.