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MÉMOIRES SECRETS

« Monsieur, je n’ai eu connaissance qu’aujourd’hui d’un article inséré dans la Gazette d’Utrecht, au sujet de mon départ de Ferney, article qui n’est composé que d’injures et de faussetés. Le correspondant du gazetier, auteur de ce morceau, commence par dire que je n’ai jamais su me concilier l’amitié de personne. Il paraît du moins que je n’ai pas la sienne. Il prétend que j’ai été recueilli et congédié par M. de Voltaire. Quand cela serait vrai, je ne vois pas trop pourquoi ou en ferait un article de gazette ; mais l’un et l’autre est faux. Il ajoute que je perds six mille livres de rentes, que M. de Voltaire m’avait assurées après sa mort. Cet homme apparemment a lu le testament de M. de Voltaire. Comme je n’en sais pas autant que lui, je n’ai rien à répondre là-dessus. Il finit par insinuer, sans rien affirmer pourtant, que c’est moi qui ai répandu dans le public le Catéchumène[1], l’Homme aux quarante écus[2], le Sermon prêché à Bâle[3], et la Lettre de M. l’archevêque de Cantorbéry[4]. Je doute que M. de Voltaire trouve bon qu’on lui attribue ainsi publiquement le Catéchumène, qui n’est point de lui, et d’autres ouvrages anonymes, qu’il n’est permis d’attribuer à personne, à moins d’avoir des preuves. Quant à ce qui me regarde, tout ce qui a le moindre commerce avec la littérature sait à quel point l’imputation du gazetier, au sujet des ouvrages ci-dessus, est fausse et calomnieuse. Ce serait lui donner plus d’importance qu’elle n’en mérite, que d’y répondre par des témoignages authentiques qui sûrement ne me manqueraient pas. Je satisfais suffisamment à ce que je me dois a moi-même, en opposant la vérité au mensonge.

  1. V. 15 février 1768. — R.
  2. V. 21 février 1768. — R.
  3. V. 28 février 1768. — R.
  4. V. 4 mars 1768. — R.