Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
251
MARS 1768

17. — Trop est trop : capitulation de la France avec ses moines et religieux de toutes les livrées, avec la revue générale de tous ses patriarches. Tel est le titre d’une œuvre du sieur Maubert, mort depuis peu à Altona. On sait que cet auteur était transfuge d’un couvent de capucins de France ; il s’ensuit que les religieux ne sont sûrement pas bien traités dans cette brochure satirique, et qui par-là même est très-amusante. Il y règne une licence réprouvée chez les honnêtes gens, mais qui réveille leur attention.

19. — On écrit de Rennes que le procureur général ayant requis que la Lettre d’un gentilhomme de Bretagne à un noble Espagnol[1], dont on a parlé, fut brûlée par la main du bourreau, un des conseillers du Parlement, dit : « Eh ! Messieurs, ne nous lasserons-nous jamais de faire brûler la vérité ? »

20. — Le mariage de mademoiselle Mazarelli, cette virtuose également connue sur le Parnasse et à Cythère, est enfin déclaré avec M. le marquis de Saint-Chamond. Elle jouit de tous les honneurs et privilèges de son titre de marquise ; elle a pris livrée ; on lui porte la robe, le sac, le carreau à l’église, etc.

M. de Beauchamp, auteur des Recherches sur les théâtres de France, de quelques romans et pièces dramatiques, est mort, il y a déjà quelque temps[2], dans un âge assez avancé. Avant de mourir, il avait consigné ses sentimens dans une espèce de testament, qui roule purement sur sa façon de penser, et est une espèce d’apologie de sa manière de vivre. Il ne dit rien de nouveau sur les motifs d’incrédibilité, et répète seulement en

  1. V. 2 mars 1768. — R.
  2. Le 12 mars 1761. — R.