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MARS 1768

« J’ai lu par ordre de monseigneur le vice-chancelier les Moissonneurs. Si l’on n’avait représenté sur nos théâtres que des pièces de ce genre, il ne se serait jamais élevé de question sur le danger des spectacles, et les moralistes les plus sévères auraient mis autant de zèle à recommander de les fréquenter, qu’ils ont souvent déclamé avec chaleur pour détourner le public d’y assister. À Paris, ce 24 janvier 1768 Signé Marin. »

Cette approbation, en effet très-singulière, a fait crier contre le sieur Marin, et le clergé s’est remué avec chaleur pour s’en plaindre. La rumeur paraît pourtant apaisée ; mais il a fait mettre des cartons à tous les exemplaires qu’il a pu retirer, et a substitué une approbation toute simple. M. le contrôleur-général l’a rayé de sa main sur la liste des pensions, et il lui en a ôté mille livres qu’il avait.

7. — On débite à l’occasion des circonstances actuelles, relatives à la Bretagne et à la nomination de M. Ogier pour aller tenir les États extraordinaires de Saint-Brieuc, une centurie de Nostradamus que voici :

Dans une armurique cité
Doit être allégresse publique,
Quand Aiguillon sera piqué
Par le dard du valet du pique[1].

8. — Madame Denis, nièce de M. de Voltaire, et sa compagne fidèle depuis nombre d’années, vient de quitter ce cher oncle, et est à Paris depuis peu avec madame Dupuits, la petite-fille du grand Corneille, et qui doit son établissement au zèle officieux de M. de Voltaire. Cette séparation donne lieu à mille propos que le temps

  1. Le valet de pique se nomme Augier.