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MARS 1768

suite de ce livre ; que, pour mieux fermer la bouche à M. l’abbé Mably, on avait tâché de le séduire par la faveur ; qu’en conséquence on avait fait demander par Sa Majesté même à M. l’évêque d’Orléans, pour cet abbé, un bénéfice dont il est pourvu ; qu’il est en outre occupé pour les affaires étrangères. Bien des gens sont surpris de voir cet auteur, qu’on croyait vendu à la cour, déployer dans ce nouvel ouvrage une vigueur, une indépendance plus propres au patriote qu’au courtisan. Il donne pourtant à croire qu’il n’a pris la plume que par ordre de la cour, ou qu’avec son agrément ; que M. de La Rivière n’a point rempli l’objet qu’il s’était proposé, et que son livre ne plaît point dans ce pays-là autant qu’il l’espérait. On en peut conclure que le Gouvernement a peut-être bien autorisé M. l’abbé Mably à répondre à M. de La Rivière, mais que celui-ci a un peu abusé de la permission. Le livre de M. de La Rivière déplaît au Gouvernement, en ce qu’il voudrait ramener tous les impôts à un impôt unique, et que trop de gens sont intéressés au système contraire pour qu’il réussisse.

2. — On a parlé d’un ouvrage intitule : Entretiens sur l’assemblée des États de Bretagne[1], composé par ordre et sous les auspices de M. le duc d’Aiguillon. Il paraît aujourd’hui la contre-partie : c’est la Lettre d’un gentilhomme de Bretagne à un noble Espagnol. Elle est fort rare et roule principalement sur les menées des Jésuites pour se venger de M. de La Chalotais. Il règne dans cet écrit une aigreur peu propre à inspirer la confiance, et toujours maladroite de la part de l’auteur.

3. — On vient d’imprimer les Trois Imposteurs, manuscrit relégué jusqu’à présent dans les plus profondes

  1. V. 7 février 1768. — R.