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FÉVRIER 1768

le Catéchumène. L’auteur, qui se cache, y rassemble en trente-quatre pages in-12 d’impression, sous une fiction ingénieuse, tout le sel de la plus coupable plaisanterie. On ne peut pas pousser plus loin l’ironie et le sarcasme sur les matières les moins faites pour en être l’objet. On ne doute pas que cet ouvrage soit de M. de Voltaire[1].

16. — Un cordonnier de femme, nommé Charpentier, fait aujourd’hui le second tome de M. André, perruquier si fameux, il y a quelques années, par sa pièce du Tremblement de terre de Lisbonne. Celui-là ne compose point encore, mais joue des comédies chez lui, entre autres Zaïre, où il exécute le rôle d’Orosmane. Cette parade fait l’histoire du jour dans ce pays de modes et d’oisiveté, surtout depuis que le duc de Chartres y a assisté avec d’autres seigneurs de la cour. Ce prince y est allé à six chevaux, et c’est à qui aura des billets pour ce spectacle burlesque.

17. — M. Poinsinet ne joue pas toujours un rôle passif ; il attaque à son tour, et vient de s’escrimer contre M. Marmontel, qu’il plaisante sur son Épître à mademoiselle Guimard[2]. C’est une espèce de lettre en vers, où il reproche à ce philosophe de louer l’action de cette demoiselle, comme si elle était extraordinaire parmi les filles de son état, qu’il trouve aussi susceptibles d’humanité que les autres. Il le blâme ensuite de prétendre qu’un théologien ait nécessairement un cœur de bronze. Cette facétie est trouvée par bien des gens plus légère que celle de M. Marmontel.

19. — Le sieur Sédaine va bientôt paraître en justice pour une anecdote qui ne lui fait point honneur, quelque

  1. Il est de Borde de Lyon. — R.
  2. V. 6 février 1768, — R.