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MÉMOIRES SECRETS

démie Française. M. l’archevêque fait lui-même l’analyse de son Mandement dans sa conclusion. Il y donne la récapitulation de tous les points traités dans le corps de l’ouvrage. Il y dit que la raison doit être subordonnée à la révélation ; qu’il sera toujours glorieux aux souverains de protéger la foi catholique ; que c’est leur droit et leur devoir, en usant du glaive (comme il est dit au corps du Mandement, page 34) ; que la religion catholique est le plus ferme appui du trône. La conclusion du Mandement condamne l’ouvrage de Bélisaire, comme contenant des propositions fausses, captieuses, téméraires, scandaleuses, impies, erronées, respirant l’hérésie et hérétiques. Ce Mandement contient cinquante-six pages in-4°.

2. — On a dû jouer aujourd’hui, sur le théâtre de madame la duchesse de Villeroi, l’Honnête criminel. Ce drame a été resserré et retouché, quant au style, par M. Marmontel et autres auteurs de cette cour-là. Ce sont les Comédiens Français qui représentent. Il y a eu dimanche une répétition très-larmoyante.

5. — Le bal de cette nuit a été fort gai. Le sieur Poinsinet en a fait en grande partie les honneurs et le plaisir. Différentes demoiselles des quadrilles, à la tête desquelles était mademoiselle Guimard, ont entouré le poète qui n’était point masqué, et, sans dire gare, sont tombées sur lui à coups de poing, à qui mieux mieux. En vain le pauvre diable, qui n’osait se revancher, demandait pourquoi ou le tourmentait ainsi ? « Pourquoi as-tu fait un méchant opéra ? » lui répondait-on en chorus. Et les coups de pleuvoir de nouveau sur lui comme grêle. Cette farce, assez bête, a attiré tous les spectateurs, et n’en fut pas moins désagréable pour le sieur Poinsinet, qui a