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JANVIER 1767

casmes, qu’on regarde comme l’assaisonnement des drames chantans. Il y a dans le premier acte des morceaux philosophiques sur l’agriculture, trop embellis d’un esprit étranger à la chose. Quoi qu’il en soit, la pièce a été reçue avec les transports qu’on a pour tout ce qui vient de cet auteur. La musique est agréable, mais n’a pas cette force d’harmonie dont Philidor a coutume de nous étonner. Madame Favart y a joué, comme de raison, et en faveur de l’enfant qu’elle vient d’avoir, on lui a permis de prétendre encore aux grâces de la coquetterie. Quelques plaisanteries triviales et grossières ont fait remarquer aux critiques deux sortes de style dans cet ouvrage, et l’on veut toujours que l’abbé de Voisenon prête sa main officieuse au sieur Favart. Il est certain qu’on y a distingué deux sels tirés de différentes mines

28. — Le mausolée du cardinal de Fleury, découvert depuis peu à Saint-Louis-du-Louvre, est du sieur Le Moine. On y voit le cardinal couché ; la Religion le reçoit dans ses bras. Aux pieds est la France éplorée, qui détourne les yeux de ce spectacle douloureux. Dans l’enfoncement on reconnaît l’Espérance, ferme sur son ancre, qui, levant les yeux au ciel, semble désigner le bonheur du cardinal. Cette dernière idée du compositeur n’est pas assez sentie par le commun des spectateurs. La figure du cardinal est très-bien ; celle de la Religion a de la noblesse et de l’onction. On n’est pas si content de celle de la France. En général, elles sont trop colossales pour la petitesse du vaisseau, et l’on ne peut y trouver le point de vue nécessaire, Ce monument, qui devait être exécuté aux frais du roi, n’a été payé qu’en partie par Sa Majesté ; la famille a fait le reste, ainsi qu’une