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MÉMOIRES SECRETS

loges à l’année, dont le produit réparti devait entrer dans le calcul journalier ; 4° qu’ils ont une infinité d’entrées arbitraires, dans lesquelles les auteurs ne devraient pas entrer, et qu’il faudrait mettre encore en ligne de compte. Les Comédiens ont été fort indignés qu’un comique maçon les traitât avec cette hauteur. On assure qu’en conséquence ils ont arrêté qu’ils renverraient leurs rôles à M. Sédaine, et que sa pièce ne serait plus représentée, pour preuve de leur désintéressement et de leur générosité. Cette affaire fait grand bruit, et pourrait être mise en justice.

23. — L’abbé Routh, ou plutôt le père Routh, car il n’avait jamais abjuré l’institut des Jésuites, retiré à Bruxelles, vient d’y mourir. Il avait travaillé à la continuation de l’Histoire romaine des Pères Catrou et Rouillé. Il avait eu part aux journaux de Trévoux pendant plusieurs années, et passait en outre pour un génie délié et politique, très-initié dans les mystères de son ordre, dont il était grand enthousiaste.

24. — l’abbé Le Gendre, grand-oncle de madame la duchesse de Choîseul, de madame la maréchale de Broglie, frère de madame Doublet, fameuse par sa société illustre, savante et choisie, vient de mourir, âgé de quatre-vingt-huit ans. C’était une espèce d’homme de lettres médiocre, mais fort lié avec beaucoup d auteurs, et surtout avec Piron, qui l’a célébré dans différentes pièces de vers. Il avait fait une comédie du Gourmand. On peut juger, par cet échantillon, dans quel genre il travaillait. Il n’a rien fait imprimer. Du reste M. l’abbé Le Gendre avait les mœurs très-douces, était un excellent convive, et jouissait, dans la plus grande vieillesse, de cette santé de corps à laquelle contribue beaucoup