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JANVIER 1767

prima mensis de ce mois, prorogée au jour du lundi 18, a enregistré la lettre de cachet du Roi[1], qui leur défend de délibérer et de réclamer contre l’addition faite à la Censure de Bélisaire, et a cependant délibéré que cette addition n’était pas son ouvrage, s’abstenant néanmoins de dire son sentiment sur le fonds de cette addition.

M. l’abbé Barthélemy, garde des médailles du roi, de l’Académie des Belles-Lettres, a succédé à M. Dubois dans la place de secrétaire-général des Suisses. Cette place vaut trente mille livres de rentes. Elle est faite pour un tout autre homme qu’un savant, et des officiers généraux l’ont reçue pour récompense.

20. — La fermentation de Bretagne semble se soutenir malgré le laps du temps. On vient d’imprimer, au commencement de cette année, la Liste des membres du Parlement actuel de Rennes, avec des notes satiriques. On y a joint une lettre de M. Dugay, nouvel intendant de Bretagne, très-propre à le couvrir de ridicule. On y a joint un jeu de mots qui n’en est peut-être un qu’aux oreilles.

22. — M. Sédaine, auteur du Philosophe sans le savoir, ayant envoyé chercher de l’argent à la caisse des Comédiens, a été fort surpris quand on lui a dit que la pièce était tombée dans les règles, et qu’il n’y avait plus de droit. L’auteur confondu a écrit aux histrions une lettre à cheval, où il les traite avec le dernier mépris, et attaque même leur probité, en se plaignant : 1° qu’il n’a point été averti ; 2° que les Comédiens ont malicieusement joué sa pièce dans des circonstances malheureuses, où ils sentaient bien qu’il n’irait personne au spectacle ; 3° qu’ils louent pour cinquante mille écus de petites

  1. V. 3 janvier 1768. — R.