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MÉMOIRES SECRETS

humain[1]. Cet ouvrage, qui devrait être à la portée des gens les plus simples, puisqu’il traite de la beauté de la nature et des travaux de la campagne, commence par un titre scientifique et inintelligible. C’est un membre de la société des Économistes, et voilà à peu près comme écrivent tous ces messieurs.

3. — La cour redoutait l’assemblée de la Faculté de Théologie qui devait se tenir hier. En conséquence, le syndic Riballier avait une lettre de cachet qui défendait toute délibération quelconque sur la Censure de Bélisaire, réputé l’ouvrage complet et absolu de ce corps. Le doyen Xaupy avait ordre, en cas qu’on voulût faire des représentations sur le fond et sur la forme, de déclarer qu’il n’y pouvait consentir ; que les sages maîtres pourraient cependant en délibérer dans des assemblées particulières, mais qu’il ne pourrait en être question dans une assemblée générale. Soit que les craintes du ministère fussent mal fondées, soit que les docteurs eux-mêmes, qui n’ignoraient pas ce dont il était question, fussent effrayés, il a été faiblement parlé de la Censure : la délibération a encore été renvoyée, et les doyen et syndic n’ont pas été dans le cas de faire usage de leurs pouvoirs. Cette circonstance embarrasse M. l’archevêque, dont le mandement est tout imprimé. On ne sait s’il le fera paraître. On le dit bon, en ce qu’il est court et qu’il a la prudence de ne traiter que vaguement l’article ces deux pouvoirs.

4. — Les Comédiens Italiens ont donné aujourd’hui la première représentation de l’Ile sonnante, comédie en trois actes mêlée d’ariettes. Les paroles sont de M. Collé, lecteur de M. le duc d’Orléans, la musique est de Mon-

  1. Leyde (Paris, Merlin), 1768, in-8°. — R.