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DÉCEMBRE 1767

Duprat, se trouvant en fonds, remit à son agent douze louis pour retirer sa montre et payer le principal et les arrérages du prêt : oncques depuis elle n’a revu ses douze louis, ni sa montre, ni M. Poinsinet. Depuis qu’il est question de son opéra, elle a retrouvé cet auteur ; elle l’a d’abord traduit devant M. le lieutenant-général de police, qui a bien voulu s’en mêler. Mais ce magistrat ayant en vain interposé sa médiation, il a conseillé à la demoiselle de porter l’affaire en justice réglée ; ce qui a été fait. Un nommé Vermeille, avocat en possession de faire des mémoires plaisans et de remplacer le sieur Marchand à cet égard, se propose de s’égayer sur la friperie de M. Poinsinet. Il y a de quoi.

29. — Le Parlement et le Conseil s’étant battus réciproquement à l’occasion d’un maître des requêtes, nommé Chardon, un facétieux a fait l’épigramme suivante :

Pour un Chardon on voit naître la guerre.
Le Parlement à bon droit y prétend,
LeEt d’un appétit dévorant
LeS’apprête à faire bonne chère.
Le roi leur dit : « Messieurs, tout doucement !
LeJe ne saurais vous satisfaire :
LeLaissez là tout cet appareil ;
LeJe vois mieux ce qu’il en faut faire ;
LeJe le garde pour mon Conseil ! »


1768.

2 Janvier. — M. Dupont, trésorier de l’École Militaire et associé à l’intendance dont il a la survivance, vient de publier un livre intitulé la Physitocratie, ou Constitution naturelle du gouvernement le plus avantageux au genre