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MÉMOIRES SECRETS

cédé ; rendez-moi un service ; je vais rentrer dans mon couvent : j’aurais besoin de justifier que j’ai été volé, ou je cours risque d’essuyer un châtiment plus cruel que la mort ; tuez-moi, ou fournissez-moi quelque excuse. — Père, que faut-il faire ? — Tirez-moi votre pistolet dans quelque endroit de ma robe, que je puisse prouver avoir fait quelque défense. — Volontiers, étendez votre manteau. » Le voleur tire. Le capucin regarde. « Mais il n’y paraît presque pas — C’est que mon pistolet n’était chargé qu’à poudre… ; je voulais vous faire plus de peur que de mal. — Mais, vous n’avez point d’autre arme sur vous ? — Non. » À ces mots, le capucin lui saute au collet… : « Coquin ! nous sommes donc à armes égales… » Ce moine était grand, gros et vigoureux ; il terrasse le voleur, le roue de coups, le laisse pour mort sur la place, reprend ses trente-six livres et un louis en outre, et revient triomphant à son couvent.

25. — M. de La Louptière a envoyé à M. Dorat le madrigal suivant, à l’occasion de l’épigramme qu’on a vue sur les vers de ce poète :

Ne teNon, les clameurs de tes rivaux
Ne te raviront point le talent qui t’honore ;
Ne teSi tes fleurs étaient des pavots,
Ne teTes jaloux dormiraient encore.

27. — La demoiselle Duprat, chanteuse des chœurs de l’Opéra, ayant besoin de deux cent soixante-huit livres, il y a neuf ans, M. Poinsinet s’offrit de les lui faire trouver sur une montre de quarante louis qu’elle avait. Cette demoiselle lui confia sa montre, et M. Poinsinet lui apporta l’argent, sans lui donner aucun renseignement sur ce qu’était devenu le bijou ; il se contenta de lui en faire une reconnaissance. Quelque temps après, mademoiselle