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DÉCEMBRE 1767

raîtrait en cet état. Il en a même été délivré des exemplaires. Cependant l’assemblée s’est tenue : on a fait les reproches les plus vifs au syndic et aux commissaires d’avoir laissé glisser des opinions aussi erronées. On a voulu dresser sur-le-champ une protestation. Ce syndic a cherché à calmer les esprits, et, ayant obtenu que la délibération serait renvoyée au mois prochain, il a remercié les sages maîtres de leur déférence à son avis, et en même temps a tiré une lettre de cachet pour leur prouver qu’ils avaient d’autant mieux fait, qu’il avait des ordres supérieurs pour arrêter toute délibération à cet égard. Cependant M. l’archevêque, fâché de se voir désuni parla de la façon de penser avec la Faculté, s’est trouvé dans le-plus grand embarras sur son mandement. Les évêques zélateurs se sont assemblés chez ce prélat, et il paraît qu’ils ont obtenu quelque retard de la cour, puisque l’ouvrage qui devait être mis en vente le 7 décembre est décidément arrêté.


11. — Vers pour mettre au bas du portrait d’un roi conquérant et philosophe :

Ce mortel profana tous les talens divers,
Il charma les humains qui furent ses victimes.
Barbare en actions et philosophe en vers,
Il chanta les vertus et commit tous les crimes.
Haï du dieu d’amour, cher au dieu des combats,
Il baigna dans le sang l’Europe et sa patrie.
Cent mille hommes par lui reçurent le trépas,
Cent Aucun n’en a reçu la vie[1].

12. — On ne saurait rendre le degré d’avilissement ou est tombé M. Poinsinet par sa présomption intolérable.

  1. Ces vers sont de Turgot. — R.