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MÉMOIRES SECRETS

Ses fleurs sont des pavots, ses ris sont des grimaces :
Que l’encens qu’il prodigue est plat et sans odeur !
C’est, si je veux l’en croire, un heureux petit-maître ;
Mais si j’en crois ses vers, ah ! qu’il est triste d’être
MaisOu sa maîtresse ou son lecteur !

On attribue cette épigramme à M. de La Harpe, d’autres la prétendent de M. de Voltaire[1].

9. — La réforme que l’on veut introduire dans les communautés religieuses n’est pas vue du même œil par tous les membres. Plusieurs ont écrit contre cette prétendue innovation, et l’ont fait avec une amertume vraiment idéologique. Un anonyme, pénétré de sentimens contraires, vient de publier une Lettre sur la Conventualité, et paraît démontrer que c’est l’amour de l’ordre, le respect pour les lois de l’Église et des premiers instituteurs, qui a déterminé les principaux membres de la religion a rappeler à la vie cénobitique et à supprimer les communautés peu nombreuses. L’auteur de cette lettre, qui paraît fort instruit, appuie ses raisons d’autorités qui forcent à souscrire à son assertion.

10. — Le Dictionnaire de Musique de J.-J. Rousseau est incomplet à bien des égards. L’auteur a omis beaucoup de termes techniques, et grand nombre des instrument de symphonie. Il y a quelques définitions peu exactes ; mais plusieurs articles sont traités avec une profondeur hors de la portée du commun des compositeurs et qui étonne les plus habiles. On ne Conçoit pas comment un homme qui a autant senti, autant pensé, peut avoir acquis à ce degré la théorie d’un art aussi aride et dégoûtant dans ses principes qu’agréable dans ses effets. On retrouve dans ce livre tous les paradoxes

  1. V. décembre 1767. — R.