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DÉCEMBRE 1767

mitié la plus constante et la plus courageuse. Leur vertu est heureusement venue à la connaissance de madame la comtesse de Forcalquier. Elle en a fait part à madame la marquise du Déffant, et ces deux dames ont excité la charité de M.  le duc et de madame la duchesse de Choiseul, de M.  le duc de Penthièvre et de diverses autres personnes de la cour, au point qu’on a assuré un sort honnête et une sorte de bien-être à ces deux infortunées. Il manquait un historien à tant de belles et généreuses actions : madame la présidente de Meynières, ci-devant madame Belot, connue par des romans et différentes autres productions, vient de les célébrer dans une espèce de nouvelle manuscrite, intitulée le Triomphe de l’Amitié, ou Jacqueline et Jeanneton. Les faits y sont simples et vrais, mais revêtus de tout le charme, de tout le pathétique qu’y peut mettre une femme sensible, exercée à écrire. Sa modestie et quelques raisons particulières ne lui permettent pas de la donner au public. Une de ces deux personnes est attaquée d’une épilepsie accidentelle, et M. Malouet, médecin accrédité et fort charitable, a entrepris la cure gratuitement.

7. — On doit se rappeler deux chants du poëme de la Guerre civile de Genève, qui ont paru il y a quelques mois, le premier et le deuxième. Le troisième se donne aujourd’hui. Il est inférieur aux deux autres : on n’y trouve nulle gaieté et peu de poésie, mais seulement un détail aride des principaux chefs des troubles.


8. — Épigramme sur les Œuvres de M. Dorat.

Bon Dieu ! que cet auteur est triste en sa gaîté !
Bon Dieu ! qu’il est pesant dans sa légèreté !
Que ses petits écrits ont de longues préfaces ;