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MÉMOIRES SECRETS

Il y maudit son père et sa comquête ;
Son pauvre esprit est bientôt abruti.
Vous juOn le détrompe ;
Vous juMoment de pompe !
Vous juQue je vois d’art
VousDans un double poignard !

Les deux amans veulent s’ôter la vie,
Comme Idamé, comme son cher Zamli ;
L’auteur alors fait preuve de génie,
En déguisant ce larcin travesti.
Vous juLe fer se lève…
Vous juMais est-ce un rêve ?
Vous juNos deux amans
VousSont déjà triomphans !

Le bon papa s’était vu par sa fille,
Sauver au prix des jours d’un tendre époux ;
Mais il revient, déjà son glaive brille,
Et le tyran va tomber sous ses coups.
Vous juEn flanc, en tête,
Vous juChacun l’arrête ;
Vous juTrait peu commun,
VousIls marchent cent contre un.

Mais à la fin tout cela s’accommode ;
Chacun d’accord retourne en son pays.
À ce beau drame, écrit suivant la mode,
Le chromatique ajoute encor un prix.
Vous juCette musique,
Vous juTrès-pathétique,
Vous juEst tout esprit,
VousEt fait beaucoup de bruit.

C’est un essai qu’un grand génie hasarde ;
Comme Sancho Renaud doit s’exprimer.
C’est pour tout dire, une jeune bâtarde,
Qu’on voudrait bien faire légitimer.