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DÉCEMBRE 1767

Mais le vainqueur entre, et voit son amante
Évanouie au pied de cet autel :
Il fait un signe à sa troupe sanglante,
Et le héros chante plus doux que miel.
Vous juVient un troisième,
Vous juAmant de même,
Vous juEt le papa
VousPour pleurer s’en vient là.

Mais le tyran veut essuyer ses larmes ;
Déjà l’on danse un petit rigaudon :
L’instant d’après les rivaux parlent d’armes,
Le chien d’amour leur trouble la raison.
Vous juAvant de faire
Vous juPauvres jaloux,
VousQue ne vous parliez-vous.

Or le plus vieux veut que son rival parte,
Et dans l’instant le théâtre est un port :
Au tendre objet dont enfin il s’écarte,
Le matelot s’arrache avec effort :
Vous juTableau tragique,
Vous juEt poétique !
Vous juLà chacun fait,
VousEt porte son paquet.

Mais en dépit de son fier pédagogue,
Le jeune amant se résout à rester :
Le bon papa, dans un beau dialogue,
Au trône encor refuse de monter.
Vous juLe tyran brave
Vous juFait son esclave
Vous juDe cet ami
VousQui lui servait d’appui.

Dans la prison ayant perdu la tête,
Le tendre amant se croit enfin trahi :