Mais le vainqueur entre, et voit son amante
Évanouie au pied de cet autel :
Il fait un signe à sa troupe sanglante,
Et le héros chante plus doux que miel.
Vient un troisième,
Amant de même,
Et le papa
Pour pleurer s’en vient là.
Mais le tyran veut essuyer ses larmes ;
Déjà l’on danse un petit rigaudon :
L’instant d’après les rivaux parlent d’armes,
Le chien d’amour leur trouble la raison.
Avant de faire
Pauvres jaloux,
Que ne vous parliez-vous.
Or le plus vieux veut que son rival parte,
Et dans l’instant le théâtre est un port :
Au tendre objet dont enfin il s’écarte,
Le matelot s’arrache avec effort :
Tableau tragique,
Et poétique !
Là chacun fait,
Et porte son paquet.
Mais en dépit de son fier pédagogue,
Le jeune amant se résout à rester :
Le bon papa, dans un beau dialogue,
Au trône encor refuse de monter.
Le tyran brave
Fait son esclave
De cet ami
Qui lui servait d’appui.
Dans la prison ayant perdu la tête,
Le tendre amant se croit enfin trahi :
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DÉCEMBRE 1767