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MARS 1766

Oraison funèbre, prononcée autrefois pour le Grand-Dauphin, qu’on trouve imprimée dans quelques recueils. Elle était si plaisante, que madame de Maintenon ne trouva point de meilleur moyen, pour mettre un terme à la douleur de Louis XIV, que de lui faire lire cet ouvrage, dont il ne put s’empêcher de rire.

8. — On vient d’imprimer par ordre du parlement de Provence le fameux discours de M. Le Blanc de Castilhon, dont nous avons donné un extrait[1]. On y rapporte cet extrait, que l’on supprime et condamne comme calomnieux envers le magistrat. Par une singularité inconcevable, ce même précis se retrouve épars tout entier dans le discours, à quelques phrases près, qu’on sent très-bien avoir été supprimées. Il résulte de cette justification, que l’extrait était vraisemblablement très-bien fait, et qu’on n’a rien imputé à M.  de Castilhon qu’il n’eût dit ; mais il convenait de le désavouer. Ce discours, du reste, est très-beau, très-éloquent, et rempli de grandes vues.

9. — M.  de Caylus, en mourant, avait souhaité qu’on mît sur son tombeau à Saint-Germain l’Auxerrois, sa paroisse, un vase antique de porphyre très-cher et très-précieux[2]. Le curé de la paroisse a fait des difficultés : il a témoigné des scrupules de faire entrer dans son église cet ornement profane. La chose n’est point encore décidée. M.  de Caylus voulait qu’on y joignît pour épitaphe : Ci-gît Caylus.

11. — L’Académie des Sciences vient de perdre un célèbre chimiste, M.  Hellot, mort à Paris le 15 février,

  1. V. 10 octobre 1765. R.
  2. On lui fit, à cette occasion, cette épitaphe satirique :

    Ci-gît un gentilhomme acariâtre et brusque.
    Oh ! qu’il est bien logé sous cette cruche étrusque.

    — R.