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NOVEMBRE 1767

Elles n’ont apparemment pas été trouvées jolies, puisqu’elles n’ont pas reparu. Cependant une scène passablement dialoguée et supérieurement jouée a paru plaire au public qui a jugé le reste avec peu d’indulgence. L’auteur (M. Bret) a gardé l’anonyme.

24. — L’opéra de Philidor a été joué aujourd’hui avec une affluence qui ne peut se comparer qu’à celle qu’on vit aux Français aux célèbres journées des Philosophes et de l’Écossaise. Toutes les loges étaient louées : il y avait du monde dès midi, et la salle regorgeait, ainsi que les corridors, les galeries, les escaliers, les avenues. Le poëme en trois actes est de Poinsinet, et a pour titre Ernelinde. Le sujet est la réunion des trois couronnes du nord. On a trouvé de beaux morceaux dans la musique, un récitatif obligé très-savamment fait et très-bien chanté. On ne peut refuser des éloges au compositeur. On y remarque beaucoup de talent. Mais il est bien loin du degré de perfection qu’exige le théâtre lyrique. Il serait difficile de prononcer en dernier ressort sur cette nouveauté, et il faut la voir plusieurs fois pour juger de l’effet qu’elle fera sur les esprits et sur les oreilles en général. On n’a pas été satisfait à cette première représentation. Les amis du musicien accusent le poëme, qui à la vérité ne prête pas au chant et à la scène.

20. — Un plaisant a fait l’épigramme ou chanson suivante sur le nouvel opéra de Poinsinet :

La muse gothique et sauvage,
La mDe Poinsinet,
La muse a fait caca tout net :
À Philidor rendons hommage,
Et réservons le persiflage
La mÀ Poinsinet.