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NOVEMBRE 1767

vient d’exhaler ses plaintes dans une fable allégorique et ingénieuse. La voici.


Le Laboureur et les Oiseaux.

Pour féconder un champ de stérile nature,
Guillot employait tout, soins, travaux et culture.
« Ah ! dit-il, si les dieux secondent mes efforts,
« Si de Cérès le regard m’est propice,
« SiElle doit m’ouvrir ses trésors ;
Le travail assidu vaut bien un sacrifice.
Attendons. » Il attend ; mais un essaim d’oiseaux
Sur les épis dorés vient fondre à tire d’aile,
Et dévore à l’instant le fruit de ses travaux.
« Il sème encore ; incursion nouvelle.
« SiSix fois le père des saisons
De ses douze palais a parcouru la suite,
Et six fois de Guillot l’espérance est détruite.
Un de ces oiseaux meurt[1]. « Çà, dit-il, composons :
Je veux bien, mes amis, travailler pour vous plaire ;
Mais le sage, dit-on, fuit les biens superflus,
« SiPrenez donc votre nécessaire,
Et laissez-moi la part de l’oiseau qui n’est plus. »
« SiÀ ces mots Dieu sait quel ramage ;
« On tient conseil : c’était pour mieux faillir.
« Voici l’arrêt de cet aréopage :
« « Sème Guillot ; semer est ton partage,
« SiLe nôtre est de tout recueillir. »

7. — On a parlé[2] du Cas de Conscience, etc., ouvrage attribué à Dom Clémencet, des Blancs-Manteaux, où l’on attaque la Commission nommée pour l’examen des constitutions des Moines dans son essence et dans sa forme ; on en démontre les irrégularités et le vice. Ce

  1. La Garde.
  2. V. 25 septembre 1767. — R.