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OCTOBRE 1767

traits qui entraient dans son sujet et qui ne sont pas restés sans application : on a cru y reconnaître MM. L’Averdy, Langlois, de Calonne, Lambert. Ils ont fait la plus vive sensation dans l’assemblée ; on y a applaudi avec fureur, comme aux éloges des grands hommes qui ont occupé les premiers rangs de la magistrature, et dont la conduite, mise en opposition, a fait encore davantage ressortir celle qui a été l’objet de la censure publique. M. d’Éprémesnil n’a que vingt-deux ans, il joint aux dispositions les plus grandes une mémoire très-heureuse. Cette mercuriale fait grand bruit et ne plaît pas à tout le monde.

Ier Novembre. — Madame Bontemps, veuve du premier valet de chambre du roi, femme jolie, capricieuse et répandue dans le grand monde, a reçu, il y a quelques jours, par la petite poste une lettre, où un inconnu qui signe le chevalier de Vertumne, lui fait une déclaration et lui promet deux mille écus de pension, si elle veut seulement avoir la complaisance d’aller à Opéra le plus souvent qu’il lui sera possible, et regarder dans le parterre en entrant. Il assure qu’il va souvent à ce spectacle, et qu’il sera content de cette marque de bienveillance. Il envoie cinq cents livres en conséquence pour le premier mois d’avance, et ainsi de suite. Madame Bontemps, au lieu de jeter la lettre au feu, de donner les cinq cents livres au curé de la paroisse, de garder un profond silence sur cette aventure, et de laisser se morfondre dans le parterre de l’Opéra ce bizarre soupirant, a porté la lettre et l’argent chez M. le lieutenant général de police, a exigé des recherches et fait un grand cancan : ce qui a donné de la publicité à son histoire et l’a couverte de ridicule.

3. — Le sieur Taconet a mis en parodie l’histoire très--