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SEPTEMBRE 1767

Les Grâces désiraient d’en former leur parure,
Même désir pressait les Jeux et les Talens ;
Quand l’Amour souriant de leur jaloux murmure
Leur à dit : « Suivez-moi, vous serez tous contens. »
Il part, il vole à vous, émule de Thalie :
Il soupire, il dépose à vos pieds son présent ;
Et les rivaux charmés en vous reconnaissant
S’empressent d’en parer leur élève chérie.

19. — M. Franklin, ce physicien célèbre pour les expériences de l’électricité qu’il a faites et poussées en Amérique au point de perfection le plus curieux, est à Paris. Tous les savans s’empressent de le voir et de conférer avec lui.

21. — Qui croirait que dans ce siècle on pût mettre au jour un ouvrage tel que le suivant ? Ce sont deux énormes volumes, sur l’état des morts heureux de l’Ancien-Testament. Il a pour titre : Thomæ Mariæ Mamachi ord. prædic. theol. Casanatensis, de animabus Justorum in sinu Abrahæ ante Christi mortem expertibus beatæ vision Dei, libri duo[1].

Tableau philosophique de l’histoire du genre humain, depuis la création du monde jusqu’à Constantin[2], ouvrage prétendu traduit de l’anglais, en trois parties, avec cette épigraphe : Aliud quæritur quam corrigatur error ut mortalium. C’est encore une production de M. de Voltaire, qui a voulu lutter cette fois-ci contre Bossuet. Mais c’est un nain qui s’élève en vain sur la pointe des pieds pour atteindre un superbe géant. L’auteur ne perd point de vue de saper toujours la tra-

  1. Romæ, Paleavini, 1766, in-4°. — R.
  2. Londres, 1767, in-12, Cet ouvrage, suivant Naigeon, est de Bordes, de Lyon, dont plusieurs écrits ont été attribués à Voltaire. — R.