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AOUT 1767

la Halle de la mauvaise humeur, des injures et des batteries ; enfin le tout se termine par des chants et des danses.

2. — M. de Voltaire, qui passe facilement d’un genre à l’autre, après avoir houspillé cette tourbe de petits auteurs qui se sont attiré son animadversion, donne des leçons aux rois et plaide la cause de l’humanité, dans une production nouvelle, intitulée Fragmens des instructions pour le prince royal de… (Prusse) ; Berlin, 1767. L’ouvrage contient sept paragraphes. À la suite sont deux petits morceaux sur le divorce et sur la liberté de conscience. Cette brochure, comme tout ce qu’a fait depuis quelque temps cet auteur, est un mélange de la morale la plus exquise avec les assertions les plus hardies et les plus dangereuses, et toujours un vernis de plaisanterie sur les choses les plus graves, des sarcasmes au lieu de logique : c’est Arlequin qui jette bientôt le manteau philosophique et se montre à découvert.

3. — La fête que M. le chevalier d’Arcq a donnée aujourd’hui à madame la comtesse de Langeac, était destinée pour le jour de la Magdeleine, patrone de cette dame ; mais certains préparatifs ayant manqué, et les affaires de M. le comte de Saint-Florentin ne lui ayant pas permis de se rendre à Paris plus tôt, elle n’a eu lieu que ce soir. Cette fête a commencé par une loterie, une lanterne magique, des jeux de gobelets, et par tous les petits amusemens qui peuvent précéder un grand et magnifique souper. Ensuite le spectacle s’est ouvert. Il y a d’abord eu un prologue de la composition de M. le chevalier d’Arcq, exécuté par les enfans de madame la comtesse. On se doute bien qu’il y avait beaucoup d’esprit et des choses très-flatteuses pour la mère et le ministre.