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MÉMOIRES SECRETS

ce soit une capucinade ou l’ouvrage d’un écolier. D’un autre côté, la noblesse, la décence qui règnent dans le poëme ne doivent pas faire suspecter l’auteur d’avoir voulu jeter du ridicule sur un mystère respectable, fût-ce, comme on le prétend, M. de Voltaire[1]. Imaginons plutôt que, voulant tenter tous les genres de travaux, il se sera imposé cette tâche difficile. Ainsi Corneille, dans sa vieillesse, mit en vers l’Imitation, ainsi Newton commenta l’Apocalypse.

Ier Aout. — Il a paru, il y a quelque temps, une petite brochure contenant une lettre de M. Tronchin à M. le contrôleur-général, des réflexions sur cette lettre, la déclaration de M. Tronchin lors de l’ouverture du corps de madame la dauphine, enfin de nouvelles réflexions sur tout cela. Cet ouvrage, où l’on relevait les erreurs, les bévues et même l’ignorance de cet Esculape genevois, l’a affecté vivement. Il a obtenu de l’autorité les recherches les plus sévères, et le pamphlet est devenu fort rare. Il est attribué à M. de Vernage.

Les Écosseuses de la halle, ambigu poissard, en un acte, en vers libres, mêlé de vaudevilles et de danses, par M. Taconet, a été représenté pour la première fois sur le Grand Théâtre des Boulevards le 25 juin 1767.

Ce Taconet paraît avoir hérité du talent de Vadé pour bien saisir les caractères, les caricatures, les propos des femmes de la halle. Les écosseuses de la halle sont ici rendues d’après nature ; avec une vérité dont quelques personnes s’amuseront par fantaisie. Le théâtre représente d’abord la boutique d’un marchand d’eau-de-vie, ensuite le Carreau de la Halle. Il y a dans le cabaret beaucoup de gaieté et de chansons, et sur le Carreau de

  1. Cet ouvrage n’est point de Voltaire, — R.