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JUILLET 1767

papiers : on le soupçonnait d’avoir eu part à ce pamphlet très-diffamatoire, ou d’avoir au moins fourni des notes. On n’a rien trouvé qui l’inculpe, et on s’est retiré sans lui déclarer le motif de cette inquisition, qu’il présume seulement, ne voyant rien autre chose qui ait pu donner lieu à quelque accusation contre lui.

27. — Les Honnétetés littéraires sont au nombre de vingt-six, formant une brochure d’environ deux cents pages. M. de Voltaire, pour n’avoir pas l’air trop égoïste, commence d’abord par venger quelques auteurs illustres de leurs ennemis. Il revient bientôt aux siens, entre autres à un certain Nonotte, ex-Jésuite, qui a composé un livre intitulé Erreurs de M. de Voltaire sur les faits historiques et dogmatiques, et l’on est fiché de voir ce grand homme employer trente pages à dire des injures à ce malheureux scribler. Il donne lui-même le modèle des grossièretés qu’il reproche aux autres. Les mots de gueux, de gredin, de canaille, etc., se reproduisent trop souvent. C’est un champion qui d’abord entre en lice en riant, s’échauffe ensuite, éprouve enfin les mêmes fureurs convulsives que son adversaire. La prose est de temps en temps épicée de vers encore plus piquans. On y lit entre autres choses une satire[1] intitulée Maître Guignard, qui n’est sûrement pas une honnéteté littéraire.

30. — Il paraît une Passion de Jésus-Christ, en quatre dialogues et en vers. C’est vraisemblablement la même que nous avions annoncée[2] sur le titre seul. Quoi qu’il en soit, les vers de celle-ci sont très-bien faits ; on y remarque une sorte d’art, et l’on ne peut croire que

  1. Elle est dirigée contre le ministre Vernet, théologien genevois. — R.
  2. V. 14 avril 1967. — R.