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JUILLET 1767

en tout et surtout vous ne serez gêné en rien, ni n’aurez aucune obligation à personne. De plus, toute publicité sur ce séjour, si vous le souhaitez, pourrait être encore évitée, et dans ce dernier cas vous feriez bien, selon moi, si vous pouvez supporter la mer, de faire le trajet par eau ; aussi les curieux vous importuneront-ils moins sur ce chemin que sur la route de terre. Voilà, Monsieur, ce que je me suis cru en droit de vous mander, d’après la reconnaissance que je vous ai des instructions que j’ai puisées dans vos livres, quoiqu’ils ne fussent pas écrits pour moi. Je suis, etc.[1] »

14. — Les Comédiens Italiens ont donné aujourd’hui la première représentation du Turban enchanté, pièce italienne en deux actes, avec spectacle et divertissement. Elle est du sieur Colalto, pantalon ; elle a eu le plus grand succès. Carlin y a reparu avec des applaudissemens infinis.

À sa reprise, cet acteur a fait un compliment de remerciement au public, où il lui dit, entre autres choses, qu’il y a vingt ans qu’on a de l’indulgence et des bontés pour lui, qu’il veut recommencer un nouveau bail, et qu’il compte sur les mêmes faveurs. Cet épisode n’a pas essuyé les mêmes critiques que celui du sieur Molé[2]. On permet à un arlequin des familiarités que n’admet point la majesté de la scène française.

15. — Les Italiens, toujours féconds en nouveautés, ont remis aujourd’hui un ancien opéra comique de Vadé, intitulé Nicaise. On l’a enrichi d’ariettes avec une musique toute fraîche du sieur Bambini, M. Framery a re-

  1. Voyez, dans les Œuvres de Rousseau, sa réponse datée de Halton, le 23 février 1766. — R.
  2. V. 10 février 1567 : — R.