Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154
MÉMOIRES SECRETS

19. — On vient d’imprimer deux brochures qui se débitent avec avidité, et sont extrêmement recherchée par la police : 1° Témoignages des différens ordres de la province de Bretagne sur la nécessité de rétablir le Parlement de Rennes dans son universalité ; 2° Recueil des délibérations, arretés, remontrances et représentations du Parlement sur les affaires de Bretagne. On trouve surtout dans le dernier de ces ouvrages intéressans, comme historiques et politiques, des traits de la plus grande éloquence et dignes de Démosthènes et de Cicéron.

21. — M. l’abbé de Condillac est de retour de Parme. Cet auteur, connu par différens ouvrages, avait été nommé instituteur de l’infant, aujourd’hui régnant. Il se promettait beaucoup de choses de sa place. Il paraît que son ambition n’a pas été satisfaite : il n’a obtenu ni cordon, ni prélature, ni dignité, nul vestige enfin de cet honorable préceptorat. Il rentre obscurément dans la classe des hommes de lettres dont il avait voulu se tirer. On prétend que son inconduite et ses galanteries ont effarouché la cour austère dont il sort.

22. — On a repris aujourd’hui Hirza, ou les Illinois ; malgré tout le temps qu’a eu l’auteur de refondre sa pièce, il n’en a pas profité : il s’est contenté de quelques changemens au dernier acte. M. de Sauvigny, ayant rencontré M. Le Mière, lui demanda s’il avait pleuré ? Celui-ci lui répondit que non, mais bien qu’il avait sué.

23. — Le particulier arrêté à Avignon, et dont on a parlé, est sorti de la Bastille, s’étant justifié des faits qu’on lui imputait. Il paraît qu’il a été victime de gens qui ont cherché à le perdre en l’accusant d’être l’auteur d’un ouvrage qu’il n’a pas fait, et qui peut-être n’existe