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Mai 1767

de Salamanque un nombre de questions qui l’embarrassent dans l’ancien et le nouveau Testament. Ce sont toutes les contradictions, toutes les absurdités, toutes les horreurs et même toutes les impiétés qu’il a déjà relevées dans son Dictionnaire philosophique, et dans les diffèrens ouvrages qu’il a donnés depuis qu’il s’est livré à la théologie et a la métaphysique. En général, il ramène ce qu’il a dit vingt fois ; mais son sarcasme est toujours piquant, et réveille le goût des lecteurs pour des matières remâchées trop souvent. M. de Voltaire prétend que l’original de ces Doutes est dans la bibliothèque de Brunswick. Ils sont au nombre de soixante-sept, et l’on juge bien que les sages maîtres restent sans réponse.

17. — M. l’abbé Cérutti, ci-devant Jésuite, et qui, dès vingt-quatre ans, s’était attiré une sorte de considération par l’Apologie[1] de son ordre, ouvrage plus rempli de feu que de logique, s’est offert, par une inconséquence méprisable, à prêter le serment de renonciation à l’Institut, quand il l’a vu proscrit irrévocablement. On n’a point voulu l’admettre, et les honnêtes gens se sont révoltés contre cette sorte d’apostasie. Il a été obligé de sortir du royaume, et trois femmes de la cour, engouées de lui, lui ont fait mille écus de pension : madame la maréchale d’Estrées est à la tête.

C’est ce même Jésuite qui, étant venu à Paris lors de la dissolution de l’ordre, excita quelques craintes de la part du gouvernement et du public en général. On trouvait mauvais qu’on tolérât en France un homme qui venait de sonner le tocsin en faveur de son ordre : « Ne craignez rien, disait Duclos à tout le monde, les pre-

  1. V. 25 février. — R.