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Mai 1767

médie en cinq actes et en vers, intitulée l’Homme de cour[1]. Il se plaint amèrement dans la préface des difficultés qu’éprouve un auteur pour faire parvenir une pièce aux Comédiens et obtenir leur jugement.

7. — M. de Voltaire persiste, ce semble, à vouloir ensevelir la religion avec lui, ou avant lui. Il vient de faire paraître le Recueil nécessaire, espèce d’arsenal infernal où, non content de déposer toutes les armes qu’a fabriquées son impiété, il ramasse encore celles des plus cruels ennemis de tout dogme et de toute morale. Il contient : 1° une Analyse de la religion chrétienne par M. Dumarsais, logicien aussi redoutable par ses raisonnemens éloquens que par sa dialectique vigoureuse ; 2° le Vicaire Savoyard, tiré de l’Émile de Rousseau ; 3° le Dialogue entre un caloyer et un honnête homme, dont on a déjà parlé[2] ; 4° le Sermon des Cinquante, aussi connu ; 5° Examen important, attribué à milord Bolingbrocke, mais en effet de M. de Voltaire : c’est un développement du Sermon des Cinquante, où avec autant d’éloquence et d’érudition, l’auteur a joint plus de raisonnement ; 6° Lettre de milord Bolingbrocke, qui est peu de chose : 7° Dialogue du douteur et de l’adorateur, ouvrage trop frivole pour le sujet, trop grave pour le titre ; 8° Les Dernières paroles d’Epictète son fils.

8. — Les amateurs du Théâtre italien trouvent que l’Arlequin débutant a trop conservé du jeu de sa patrie : il est balourd, niais et sot, et nous exigeons ici beaucoup de finesse dans le jeu, de souplesse dans le geste, de légèreté dans les altitudes, de gentillesse dans toute l’action, de saillies naïves dans le dialogue, de talens,

  1. Londres (Paris), 1767, in-8°. — R.
  2. V. 31 août 1765. — R.