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MÉMOIRES SECRETS

pays ; il y a établi une police exacte, il a affermi la constitution, qui ressemble beaucoup à celle d’Angleterre et qui me paraît excellente ; il a établi à Corte une imprimerie et une université, dans laquelle il a su attirer des gens de mérite. Les gazettes ont parlé des démarches qu’il a faites pour engager M. J.-J. Rousseau à se retirer dans son île. J’ai vu toute sa correspondance à ce sujet avec cet écrivain, elle fait également honneur à l’un et à l’autre. »

19. — On assure que M. de Voltaire a un commentaire tout prêt sur les tragédies de Racine : il attend pour le faire paraître que M. Luneau de Boisjermain ait mis au jour celui qu’il promet depuis long-temps.

M. Le Blanc, auteur de Manco Capac, vient d’épouser, il y a quelque temps, une demoiselle Gouilli. Cette fille, célèbre par la mort d’un officier qui s’est brûlé la cervelle de désespoir de ne pouvoir se marier avec elle, était maîtresse de M. Clairaut, et avait vécu avec lui jusques à sa mort.

20. — M. Dreux Du Radier ayant fait imprimer un ouvrage intitulé : Récréations historiques, critiques, morales et d’érudition, avec l’histoire des fous en titre d’office[1], y a maltraité MM.  le président Hénault et l’abbé d’Olivet. Fréron, sous prétexte de venger ces deux illustres, est tombé sur le corps de l’auteur, et l’a traité avec un mépris, une dureté révoltante[2]. Les amis de Voltaire et les ennemis du journaliste, en très-grand nombre, ont aussi pris l’occasion de l’injure faite à M. Du Radier pour obtenir la suspension de ses feuilles. Mais ce pauvre diable n’ayant pas assez de consistance, Fréron vient de

  1. Paris, Robustel, 1767, 2 vol. in-12 — R.
  2. Année littéraire, 1767, t. 1, p. 241. — R.