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avril 1767

prit[1]. On y trouve une anecdote bien extraordinaire, soutenue d’assertions plus extraordinaires encore. Cet auteur y prétend, à l’article du duc d’Epernon, que ce seigneur donna le second coup de couteau à Henri IV, lorsque Ravaillac eut porté le premier, et il ajoute : « Ce fait est rapporté dans un manuscrit de M. le duc d’Aumale. Il est d’autant plus digne de créance, que M. le duc d’Aumale vivant parmi les Espagnols, était à portée de savoir la vérité des choses, et que d’ailleurs ayant eu une maladie de langueur très-longue, dans laquelle il avait communié deux fois, il n’est pas vraisemblable qu’il eût laissé subsister une pareille calomnie s’il n’eût été sûr de ce qu’il avançait. »

18. — On se communique l’extrait d’une lettre[2] d’un gentilhomme flamand qui voyage, précieuse par l’anecdote qu’elle contient, relative à ce qui a été dit sur la proposition faite par les Corses à J.-J. Rousseau de leur donner des lois. Voici comme l’auteur s’exprime sur cette république, ou plutôt sur son chef.

« M. Paoli est âgé de quarante-deux ans, d’une figure mâle et belle, ayant le port très-noble, et l’air de ce qu’il est, du chef d’un peuple libre. Son érudition serait surprenante, même dans un homme de lettres de profession. Il est versé dans la littérature anglaise et française, mais Tacite et Plutarque sont ses auteurs favoris. Il est d’une éloquence admirable ; je n’ai vu personne mettre autant de grâces et de force dans ses discours. Il joint a tant de talens une philosophie éclairée et exempte de toute espèce de préjugés. Il a fait un bien étonnant à son

  1. Paris, veuve Duchesne, 1767, in-12. — R.
  2. Cette lettre, adressée aux auteurs du Journal Encyclopédique, se trouve dans le volume du 15 mars 1767, pages 126-133. — R.