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MÉMOIRES SECRETS

13. — Il se répand assez généralement deux chants du poëme de M. de Voltaire sur la Guerre de Genève. Le premier verse le ridicule à grands flots sur Genève et ses habitans ; il est assez gai, mais d’une gaieté grivoise, qui sent l’homme sortant de la taverne. Il n’y a point de ces morceaux délicats, tels qu’on en trouve dans la Pucelle.

Le second est une satire horrible contre J.-J. Rousseau : Il y est peint sous les couleurs les plus odieuses et les plus infâmes. Il est fait pour intéresser en faveur de ce malheureux ses propres ennemis, et l’humanité seule réclame contre cet abominable ouvrage.

14. — On vient d’imprimer à Avignon la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ, mise en vers et en dialogues. Nous n’avons rien à ajouter à ce titre, digne de la barbarie des siècles les plus absurdes et du plus mauvais goût[1].

15. — Discours sur l’administration de la justice criminelle, prononcé par M. S… (Servan), avocat-général du roi au parlement de Grenoble[2]. Cet excellent ouvrage, plein d’une philosophie douce et humaine, doit faire le pendant du traité Des Délits et des Peines. Il a d’autant plus de poids qu’il est dans la bouche d’un magistrat, qui réclame contre une infinité d’abus qu’il voudrait voir réformer. Il est bien écrit en général, quelquefois d’un style trop métaphysique : il est plein d’onction, et tout cœur sensible ne pourra s’empêcher d’être serré à la lecture de ce traité précieux.

17. — M. de Saint-Foix, historiographe des ordres du roi, vient de publier l’Histoire de l’ordre du Saint-Es-

  1. Avignon (Paris, Lacombe), 1767, in-8o. V. 30 juillet 1767. — R.
  2. Genève, 1766, in-12. — R.