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avril 1767

veur des métiers. L’Académie a adjugé ce prix au sieur Descamps, peintre du roi[1].

5. — La tragédie des Scythes, de M.  de Voltaire, imprimée depuis long-temps, commence à se distribuer. On y remarque une épître dédicatoire aux Satrapes Élochivis et Nalrisp (Choiseul et Praslin) du ton le plus bas et plein de l’adulation la plus outrée. Cette adulation sent l’homme qui a envie de revenir à Paris, et qui fléchit le genou devant les tout-puissans pour obtenir cette grace.

Le post-scriptum est amusant, par une sortie que fait l’auteur contre Duchesne, sur l’impression de plusieurs de ses tragédies, qu’il prétend être horriblement défigurées : c’est une parade à l’ordinaire, mais plaisante.

6. — Du Bonheur, par M.  De Serres de La Tour, avec cette épigraphe : Vox clamantis in deserto[2]. Quoique cet ouvrage fasse un certain bruit, il n’a rien de neuf, rien de hardi. On y trouve à la suite un petit ouvrage sur l’Éducation des Anciens, où l’on remarque aussi des vues intéressantes sur la méthode des modernes.

— On annonce un poëme manuscrit de M.  de Voltaire, intitulé la Guerre de Genève ; il est en quatre chants et en vers de dix syllables. On prétend qu’on y retrouve la même plume qui a fait la Pucelle. C’est plus à désirer qu’à espérer.

9. — M.  l’abbé Perau, continuateur des Vies des Hommes illustres de la France, commencées par feu M. D’Auvigny, est mort le 31 mars, âgé de soixante-sept ans. Il était devenu aveugle, et c’est M.  Turpin qu’il avait choisi pour mettre la dernière main à cet ouvrage.

  1. Son discours a été imprimé ; Paris, Regnard, 1767, in-8o — R.
  2. Londres, 1767, in-12. — R.