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MÉMOIRES SECRETS

gueilleux des anciens Persans. Le sujet est absolument manqué, et lgon ne peut que s’écrier :

J’ai vu l’Agésilas,
J’ai vHélas[1] !


Il y a cependant, en divers endroits, des morceaux de la plus grande force, et l’on rencontre partout dans ce drame disjecti membra poetæ[2].

27. — Abrégé de l’histoire de Port‑Royal, par M.  Racine, de l’Académie Française[3]. Cette histoire, écrite, à ce qu’on croit, vers 1693, a été long-temps ignorée. Il en parut en 1700 une partie, dont il fallut se contenter, parce qu’on ne put alors en découvrir la suite ; mais l’abbé Racine en avait une copie, d’après laquelle on a fait l’édition dont il est question. L’histoire de Port‑Royal est conduite ici jusqu’à l’affaire du Formulaire. L’auteur ne vit pas la destruction de Port-Royal des Champs. Boileau regardait cet ouvrage comme le plus parfait morceau d’histoire que nous eussions dans notre langue. Ce n’est malheureusement pas le plus intéressant.

28. — Le sieur Fréron, toujours acharné sur M.  de Voltaire, et qui doit une partie de la célébrité de ses feuilles à la guerre qu’il a livrée à ce grand homme, pour réveiller l’attention de son lecteur vient de lâcher, suivant son usage, une nouvelle satire très-propre à piquer la malignité du cœur humain, et à réjouir les ennemis du sien. Il se fait écrire une lettre par un prétendu abbé M…, qui lui envoie la traduction d’une Épître

  1. Boileau. — R.
  2. Horace, de Art poet. — R.
  3. Vienne (Paris), 1767, in-12. — R.