Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
125
mars 1767

se sont rendus chez M.  l’archevêque il y a quelques jours. Ce prélat leur a déclaré que, dans l’affaire de M.  Marmontel, il ne cherchait que le plus grand bien de la religion, et qu’il s’en rapportait entièrement au jugement de la Faculté.

En conséquence, la Faculté a mis en délibération s’il convenait, pour parvenir au plus grand bien, de faire une censure en forme, ou de se contenter d’explications. Il a été décidé que ce dernier était le parti le plus expédient, et qu’on pourrait joindre au quinzième chapitre une explication très-théologique, qui corrigerait ce qui se trouve de contraire à la religion dans ce chapitre.

Les commissaires doivent s’assembler pour concerter et faire le projet de cette explication théologique, qui, après avoir été acceptée par M. Marmontel, sera présentée à l’assemblée de la Faculté du prima mensis[1].

16. — Nous allons donner un échantillon du style de M. Tronchin, ce médecin si célèbre. C’est une lettre qu’il a écrite de Versailles, le 8 février de cette année, à M. le pasteur Pictet, à l’occasion des troubles de la république de Genève. Il était alors auprès de madame la Dauphine.

« Monsieur, j’ai besoin de cette presse de travail pour n’être pas sans cesse occupé des malheurs de ma patrie. À portée, comme je le suis, de connaître les intentions du roi, instruit d’ailleurs du délire opiniâtre de mes insensés concitoyens, je vois avec la plus grande douleur les malheurs qu’ils se préparent. En faisant semblant de courir après la liberté, ces malheureux vont perdre leur

  1. Cet article est emprunté au Journal Encyclopédique du 15 mars 1767, p. 164. — R.