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MÉMOIRES SECRETS

12. — On débite une Lettre de M.  de Voltaire à M.  d’Olivet, sur la nouvelle édition de Prosodie. Cette lettre, datée du château de Ferney, le 5 janvier 1767, relève différentes locutions vicieuses devenues à la mode. En général, M.  de Voltaire y paraît peu content du style de nos auteurs modernes, et surtout du nouveau genre d’éloquence qu’on a introduit ; il critique plusieurs mots usités dans ce qu’on appelle la bonne compagnie. « Dites‑moi si Racine a persiflé Boileau…, si l’un et l’autre ont mystifié La Fontaine… » On y lit aussi cette phrase remarquable, en parlant de M.  de La Harpe : « Un jeune homme d’un rare mérite, déjà célèbre par les prix qu’il a remportés à notre Académie, et par une tragédie qui a mérité son grand succès…[1] » Il nous apprend enfin qu’il reçoit quelquefois des lettres du philosophe de Sans-Souci[2], qu’il a l’honneur d’être encore dans ses bonnes grâces, et que c’est une des consolations de sa vieillesse.

13. — On débite une comédie en un acte et en prose de M.  Collé, intitulée le Galant Escroc, précédée des Adieux de la parade prologue en vers libres[3]. Cette comédie fait partie du Théâtre de société, et ne peut être jouée qu’en société. C’est la peinture malheureusement trop vraie de mœurs qui ne pourraient être présentées sur un théâtre public. La fable en est plaisante, et l’effet en doit être très-heureux.

15. — Suivant la délibération de la Faculté de théologie[4], le doyen, le syndic et les huit commissaires

  1. Warwick. — R.
  2. Le roi de Prusse. — R.
  3. La Haye (Paris, Gueffier), 1767, in-8o. — R.
  4. V. 3 mars 1767. — R.