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mars 1767

3. — Dans l’assemblée de la Faculté de Théologie tenue avant-hier, le syndic a rendu compte du roman politique et moral de Bélisaire, de M.  Marmontel. Après avoir parlé avec éloge des talens et du style, ainsi que de la réputation de l’auteur, il a relevé les écarts qu’il s’est permis contre la foi catholique dans le quinzième chapitre de cet ouvrage. Le syndic a fait ensuite lecture de la lettre[1] écrite par M.  Marmontel à M. l’archevêque, pour lui déclarer qu’il signera la profession de foi qui lui sera proposée, et qu’il donnera toutes les explications qu’on voudra exiger.

La Faculté, qui a éprouvé par le passé que les explications données en pareil cas par M.  de Montesquieu au sujet du livre de l’Esprit des Lois, et par M.  de Buffon sur l’Histoire naturelle, avaient été insuffisantes pour réparer le scandale donné, insiste sur la censure de Bélisaire. En conséquence elle a nommé des commissaires pour faire agréer à M.  l’archevêque le désir de la Faculté et lui faire connaître la nécessité de la censure, pour, sur la réponse de M.  l’archevêque, prendre une détermination.

5. — Les Comédiens Italiens ont donné aujourd’hui la première représentation de l’Aveugle de Palmyre, avec des morceaux de musique par M.  Rodolphe. La pièce est en vers et en deux actes. M.  Desfontaines, en est l’auteur. Ce sujet est pris dans quelque roman de féerie. Il est fort mal traité, sans goût, sans délicatesse : beaucoup de grossièretés et de très‑mauvaises plaisanteries ont révolté le parterre. La musique a eu quelque succès.

  1. On ne la trouve point dans les Œuvres de Marmontel. — R.