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MÉMOIRES SECRETS

griefs ; prétend avoir à se plaindre non-seulement de la calomnie de M.  Larrivée, relativement à sa prétention d’avoir couché avec elle, mais de pousser l’infamie jusqu’à l’accuser d’une maladie honteuse qu’elle n’a jamais connue. Son amant appuie fortement ses plaintes : il y ajoute les siennes. Les directeurs trouvent le cas des plus importans, et ils sont d’avis d’en référer au ministre. L’affaire portée devant lui, M. le comte de Saint-Florentin ordonne que, conformément à la demande de mademoiselle Fontenet, le sieur Pibrac et son confrère se transporteront chez cette demoiselle pour en faire la visite ; ce qui a dû être exécuté aujourd’hui. La demoiselle attend une vengeance éclatante, et ne demande rien moins qu’une réparation authentique de la part du calomniateur. Sur ces entrefaites madame Larrivée, dans l’aveuglement de sa fureur, a écrit une lettre fort singulière à madame la duchesse de Grammont, dans laquelle elle lui marque qu’elle n’ignore pas qu’il y a peu de commerce entre madame la duchesse et M.  le duc ; que cependant il se trouve quelquefois dans les ménages les moins amoureux de ces momens où l’on se rapproche sans s’y attendre ; qu’elle est bien aise de la prévenir de ne point se livrer à sa tendresse pour son mari, si les circonstances la lui rappelaient ; qu’il doit être dans l’état le plus déplorable, etc.

28. — Il paraît un Essai sur l’origine et l’antiquité des langues[1], où l’auteur discute sérieusement si Adam et Ève, dans le jardin d’Éden, avant leur chute, se parlaient par signes, ou bien s’ils employaient un langage particulier. Il prétend qu’il est évident qu’ils se sont entretenus par signes.

  1. Par J.‑B. Perrin Londres, 1767, in-12. R.