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février 1767

quelquefois ne leur donne rien. Cette Lettre est pleine d’une logique adroite et insinuante.

17. — M.  Gazon Dourxigné vient de faire imprimer l’Ami de la vérité, ou Lettres impartiales, semées d’anecdotes curieuses sur toutes les pièces de théâtre de M. de Voltaire[1]. On y trouve en effet quelques anecdotes curieuses.

19. — Jamais assemblée n’a été plus brillante que celle d’hier, à la représentation de Zelmire et de l’Époux par supercherie, au profit de Molé. Cet acteur n’a pas eu les suffrages auxquels il s’attendait, et mademoiselle Clairon n’a pas été enivrée d’encens autant qu’elle devait l’espérer. On compte que l’histrion aura eu vingt-quatre mille livres de bénéfice.

20. — On parle depuis quelque temps d’un nouvel ouvrage très-rare, intitulé la Sabbatine. C’est une satire contre madame Sabbatin, maîtresse de M.  de Saint-Florentin, aujourd’hui marquise de Langeac. Bien des gens révoquent en doute l’existence de ce livre.

21. — Le roman moral et politique de M.  Marmontel, intitulé Bélisaire, a exité du tumulte. La Sorbonne a cru devoir s’élever contre le chapitre XV, qui parle de la tolérance. Sur ses vives représentations, le livre vient d’être arrêté. Le privilège dont il était revêtu doit être cassé. L’archevêque de Paris se dispose à tonner contre les maximes de l’auteur par un mandement, et la Faculté de Théologie va les proscrire par une censure publique. Moins d’éclat eût peut-être produit un meilleur effet, car le plus méchant livre proscrit en devient plus recherché.

22. — On parle beaucoup du luxe généreux du sieur

  1. Amsterdam (Paris, Jorry), 1767, in-12. — R.