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MÉMOIRES SECRETS

extraordinaire de l’Académie Française, tenue l’année dernière en faveur du prince héréditaire de Brunswick[1]. Il est intitulé Bélisaire. Quoique ce ne soit qu’une dissertation très-froide, très-longue, très-rebattue sur des objets de morale et de politique, quelques assertions hardies, lâchées dans le quinzième chapitre, ont échauffé le public, et l’ouvrage a eu une célébrité éphémère qui se passera bientôt. Il ne peut être que très-médiocre, quand on le compare à Télémaque, où les mêmes principes sont traités d’une façon plus animée, plus onctueuse, plus intéressante, et d’ailleurs avec les grâces faciles et touchantes d’un style auquel ne peut atteindre la raideur du nouvel académicien.

14. — Le fameux Quinault Dufresne, tant regretté au Théatre Français, et dont on avait peine à oublier la perte, est mort ces jours-ci.

15. — On a fait hier aux Menus-Plaisirs la répétition de l’opéra de Pandore, de M. de Voltaire, remis en musique par M. de La Borde, l’un des premiers valets de chambre du roi. On n’a point trouvé que le musicien ait répondu à la magnificence et à la beauté du poëme, vraiment lyrique.

16. — M.  Antoine Petit, médecin toujours prêt à rompre des lances en faveur de l’inoculation, vient d’écrire une Lettre adressée à M. le doyen de la Faculté[2] à l’occasion de la petite vérole survenue à deux jeunes demoiselles inoculées par M. Gatti. En convenant des faits, il attribue le retour de la petite vérole à l’insuffisance de la méthode de l’inoculation, qui cherchant à donner à ses malades la plus petite maladie possible,

  1. V. 24 mai 1766. — R.
  2. Amsterdam (Paris), 1767, in-8o. — R.