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MÉMOIRES SECRETS

stance. Le fils a plus de netteté, plus d’élégance dans son style, et son discours est tort bien écrit.

29. — Eugénie, ce drame tant prôné, a été donné aujourd’hui, et n’a pas eu le succès dont l’auteur se flattait. Les trois premiers actes ont été reçus avec assez de bienveillance ; mais les deux derniers ont révolté, et l’on peut regarder cela comme une chute.

31. — Extrait d’une lettre de Rennes.

25 janvier.

… L’évêque de Saint-Brieux, Bareau de Girac, très-lubrique, qui en prendrait sur l’autel, et en conterait à la Vierge, pour se délasser de ses occupations pendant la tenue des États, a entrepris la conquête d’une dame jeune et jolie, et de plus nièce d’un de ses confrères. Dans sa poursuite amoureuse, dont il ne se cachait aux yeux de personne, se trouvant un jour tête à tête avec cette dame, emporté par sa passion, il la presse vivement, et oublie la précaution de mettre le verrou. Le mari survient, entre précisément à l’instant du dénouement : la dame ne perd point la tête ; elle feint que le prélat lui fait violence, saute sur l’épée du mari, et la plonge dans la cuisse du téméraire, il y avait bien de quoi ralentir son ardeur ; il se retire confus, humilié, l’oreille basse, et est obligé de garder la chambre. Cette histoire est aujourd’hui publique : on ne parle que de l’adresse de madame de La M… qui a donné à l’évêque de Saint-Brieux un coup d’épée dans la cuisse sans endommager sa culotte. Cette nouvelle est allée jusqu’à la cour ; on dit que M.  le prince de Conti en a réjoui le roi. M.  l’évêque d’Orléans, très-scrupuleux pour l’honneur de l’épiscopat, a cru devoir en écrire au clergé assemblé aux États, qui, entrant